Al-Farabi sur un billet du Kazakhstan
Muhammad ibn Muhammad ibn Tarkhan ibn Uzalagh al-Farabi
(en Persan :ãÍãÏ
ÝÇÑÇÈی) connu en Occident sous les noms de
Alpharabius, Al-Farabi, Farabi, Abunaser ou Alfarabi
est un philosophe
médiéval d'origine persane. Né en 872 à Wasij, bourgade probablement
rattachée au district de Farab, semble-t-il situé au bord du fleuve Iaxartes (l'actuel Syr-Daria) et
appartenant à la grande oasis d'Otrar aujourd'hui disparue (sur le territoire de l'actuel Kazakhstan),
au cœur d'une région appelée Transoxiane par les géographes grecs, puis Turkestan
Occidental par les Russes, il meurt à Damas, en Syrie en 950. Il approfondit
toutes les sciences et tous les arts de son temps, et est appelé le Second
instituteur de l'intelligence
Il étudie à Bagdad
(Iraq). On lui doit
un commentaire de la République de Platon, ainsi qu'un
Sommaire des Lois de Platon.
Sommaire
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Loin d'être un obscur philosophe médiéval, Al-Farabi fut appelé le "Second
Maître" par Averroès (Ibn Roschd) et Maïmonide,
le "Premier Maître" n'étant autre qu'Aristote, qui,
aux yeux d'Averroès,
passe pour avoir établi définitivement la gloire de la philosophie. Al-Farabi
est l'un des premiers à étudier, à commenter et à répandre parmi les Arabes la
connaissance d'Aristote.
Fils d'une famille noble, dans laquelle le père aurait exercé un
commandement militaire à la cour turque vassale du califat abbasside arabe de
Bagdad, Abu Nasr Al-Farabi part se former dans la capitale califale. À Bagdad (actuel Iraq), il étudie la grammaire, la
logique, la philosophie,
les mathématiques, la musique et les sciences.
Al-Farabi y suit les enseignements de Abu Bishr Matta ben Yunus et fréquente
les philosophes chrétiens nestoriens héritiers de la translatio studiorum des Grecs vers le
monde arabe, du fait de la fermeture des écoles philosophiques païennes d'Athènes par Justinien en 529. Cette fermeture
marque, on l'oublie trop souvent, la fin de l'Académie
de Platon.
Toujours est-il que les philosophes grecs platoniciens se réfugient à Alexandrie,
à Harran et à Antioche en Turquie, avant
d'essaimer vers Bagdad. L'exode des philosophes grecs donne lieu à d'intenses
traductions du grec en syriaque et du syriaque vers l'arabe. Al-Farabi va
fréquenter certains de ces traducteurs, comme Yuhanna (Johannes) ben Haylan.
Son éloquence, ses talents dans la musique et la poésie lui
concilièrent l'estime du sultan de Syrie, Seïf-ed-Daulah, qui voulut l'attacher à sa cour. Mais
Al-Farabi s'en excusa et partit : il fut tué par des voleurs en route.
Selon une autre version, il passa la plus grande partie de sa vie à la cour de
Syrie, pensionné par le prince.
Il fut le maître à penser d'Avicenne (indirectement, celui-ci étant né en 980).
En 943, Al-Farabi
s'installe à Alep,
puis voyage en Égypte, pour revenir mourir à Damas en 950.
La chose qu'il faut garder à l'esprit, lorsque l'on aborde un philosophe de
la dimension de Al-Farabi, c'est qu'il est à la fois un philosophe (il
travaille sur les textes de Platon et d'Aristote) et en même temps il vit dans
un contexte troublé, celui du rapport entre l'Islam et les
successeurs politiques du Prophète. Le califat central se morcelle en émirats et en États qui
se veulent indépendants. C'est sur ce fond historique et intellectuel qu'il
faut prendre en vue les textes de Al-Farabi. Sans doute, pour l'intellectuel
occidental nourrit de culture chrétienne est-il difficile de comprendre les
détails de la science de la religion et du droit
musulman (fiqh),
qui structurent les détails et les discussions qui se développent au sein de la
vie intellectuelle en pays d'Islam. Naturellement, cette vie ne saurait être
monolithique. Al-Farabi, qui est un esprit encyclopédique, s'intéresse
particulièrement à la question du régime politique. C'est dans cette voie qu'il
va publier un certain nombre de textes qui sont des commentaires, ou des
synthèses personnelles sur la philosophie de Platon et d'Aristote. Tout
d'abord, on lui doit un ouvrage concernant « L'Accord des Philosophes
Platon et Aristote », une énumération des Dialogues de Platon,
un ouvrage consacré aux Opinions des habitants de la Cité vertueuse et
un Sommaire des Lois de Platon.
Bien que parlant d'Aristote (dont au demeurant les Arabes médiévaux
semblent totalement ignorer l'ouvrage sur Les Politiques), Al-Farabi
consacre tous ses efforts à la philosophie politique de Platon : il
commente La République et distingue deux types
d'enseignement : l'enseignement de Socrate et
l'enseignement de Thrasymaque (le personnage violent mis en scène dans La
République). L'enseignement de Socrate est doux et s'adresse aux
philosophes; mais Socrate va périr sous l'accusation d'impiété. L'enseignement
de Thrasymaque est un enseignement capable de manipuler les opinions et les
passions qui couvent dans la Cité. Il peut aussi bien exciter la Cité que la
calmer. C'est dans ces qualités que l'on trouve la fibre du législateur.
Chose intéressante, le style de Al-Farabi est un style semble t-il ésotérique,
ou qui emprunte des motifs ésotériques (conformément à des traditions numérologiques
qui sont répandues partout).