Hiram, roi
de Tyr,
& Salomon.
L'étude de cet épisode de l'histoire
antique est possible grâce à deux sources principales : l'Ancien Testament et
les ouvrages de l'historien Flavius Josèphe (1) qui vécut en Israël au Ier
siècle de notre ère.
Au début du X°siècle av.J.C. Hiram
succéda à son père Abibaal roi de Tyr. Il travailla au développement et à la
prospérité de sa cité en agrandissant les deux ports et en les reliant par un
canal qui traversait la ville. Il érigea de nouveaux temples pour Melqart
et Astarté. Son activité ne manqua pas d'attirer l'admiration de ses
voisins et contemporains les rois d'Israël, David et Salomon, avec qui il
entretînt des liens amicaux et commerciaux.
Désireux d'offrir un temple pour son
Dieu, le roi David contacta Hiram pour les préparatifs. La mort l'ayant arraché
aux siens, c'est à son fils, Le roi Salomon, que revînt la charge de mener à
terme ce projet. Il demanda au roi Hiram de lui fournir le bois de cèdre et de
lui prêter ses architectes et maçons afin de réaliser son dessein. Le message
précisait : "Tu sais bien que mon père David n'a pas pu construire un
temple pour le Nom de Yahvé, son Dieu, à cause de la guerre que les ennemis lui
ont faite de tous côtés, jusqu'à ce que Yahvé les eût mis sous la plante de ses
pieds. Maintenant, Yahvé mon Dieu m'a donné la tranquillité alentour : je
n'ai ni adversaire, ni contrariété du sort. Je pense donc à construire un
temple au Nom de Yahvé, mon Dieu, selon ce que Yahvé a dit à mon père David...
Maintenant, ordonne que l'on coupe des arbres du Liban ; mes serviteurs
seront avec tes serviteurs et je te paierai la location de tes services selon
tout ce que tu me fixeras. Tu sais en effet qu'il n'y a chez nous qui soit
habile à abattre les arbres comme les Sidoniens".
Lorsque Hiram entendit les paroles de
Salomon, il éprouva une grande joie et manda ceci : "J'ai reçu ton
message. Pour moi, je satisferai tout ton désir en bois de cèdre et en bois de
genévrier. Tes serviteurs les descendront du Liban à la mer, je les ferai
remorquer jusqu'à l'endroit que tu manderas, je les délierai là, et toi, tu les
prendras. De ton côté, tu assureras selon mon désir, l'approvisionnement de ma
maison".
Le pacte entre Hiram et Salomon fut
honoré et dura vingt ans. Hiram fournit le bois de cèdre et de genévrier, en
échange, Salomon procura chaque année 20.000 muids(2) de blé et 20.000 mesures d'huile vierge.
Salomon céda également vingt cités de Galilée. Les historiens rapportent que
Hiram ne fut pas entièrement satisfait, alors Salomon lui promit une expédition
commune vers le mystérieux pays d'Ophir afin de ramener l'or et les pierres
précieuses.
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L'aménagement intérieur du temple fut décrit dans la Bible
(livre des Rois, I, chap.6) en ces termes :
"Il garnit de planches de
cèdre la face interne des murs du temple depuis le sol jusqu'aux poutres. Il
couvrit de planches de genévrier le sol du temple. Tout était en cèdre, aucune
pierre ne paraissait. Le Saint des Saints fut revêtu d'or fin. Il fit un autel
de cèdre et le revêtit d'or. Cet autel se trouvait dans le Saint des Saints.
Tout le temple il le revêtit d'or, absolument tout le temple. Dans le Débir il
fit deux chérubins en bois d'éléagne (...)
chaque chérubin avait dix coudées de hauteur, une aile avait cinq coudées et la
seconde aile cinq coudées, soit dix coudées d'une extrémité à
l'autre (...). Il revêtit d'or les chérubins. Sur tous les murs du temple,
à l'entour, il sculpta des figures de chérubins, de palmiers, de rosaces, à
l'intérieur et à l'extérieur. Il couvrit d'or le plancher du temple à
l'intérieur et à l'extérieur. Salomon construisit le temple en sept ans".
LE TEMPLE DE
JERUSALEM
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Une porte encadrée de colonnes
de bronze(3) donnait accès au temple précédé d'une grande
cour avec une vasque aux eaux lustrales et un autel. Le plan présentait à
l'intérieur une succession de trois pièces : un vestibule carré, une salle
rectangulaire centrale qui abritait un autel couvert d'or et une table à sacrifice,
enfin un sanctuaire où l'on conservait l'arche d'Alliance. L'édifice était
complété par des chambres de service situées sur trois étages, sur tout son
pourtour.
Hiram, le maître Maçon :
Nous ne pouvons parler du temple de
Salomon sans évoquer un autre Hiram (ou Hirom), le
bronzier phénicien ou maître maçon. Entre légende et vérité historique,
l'histoire de maître Hiram reste assez énigmatique. Le livre des rois (I Rois,
VII, 13-45) le présente en ces termes :
"Le roi Salomon demanda
de pouvoir engager Hiram de Sour [Tyr] qui était fils d'une veuve de la tribu
de Nephtali. Son père était un homme de Sour, artisan du bronze [...]. Hiram
acheva tout l'ouvrage qu'il devait faire pour le roi Salomon dans la Maison du
Seigneur : les deux colonnes(4), les
volutes des deux chapiteaux qui sont au sommet de ces colonnes, les deux
entrelacs pour couvrir les deux volutes des chapiteaux qui sont au sommet des
colonnes, les quatre cents grenades pour les deux entrelacs - deux rangées de
grenades par entrelacs - pour couvrir les deux volutes des chapiteaux qui sont
sur les colonnes, les dix bases et les dix cuves posées sur celles-ci, la Mer -
il n'y en avait qu'une - avec, sous elle, les douze boeufs, les bassins, les
pelles, les bassines à aspersion et tous les autres accessoires.
Ce que fit Hiram pour le roi Salomon dans la Maison du Seigneur était en bronze
poli".
A l'exception de ce passage, la Bible
ne révèle rien d'autre sur le personnage. Côté légende, on raconte qu'Hiram
travaillait depuis 7ans à l'édification du temple. Ses ouvriers étaient
repartis en trois classes : apprentis, compagnons et maîtres. Chaque classe
avait un mot de passe permettant de recevoir un salaire graduel.
Les travaux touchant à leur fin,
trois compagnons, désireux de s'attribuer les privilèges du maître, se
postèrent chacun devant une porte du temple. Le premier demanda le mot de passe
au maître qui lui répondit qu'il n'était pas possible de l'obtenir ainsi et qu'il
fallait avoir la patience d'attendre le moment opportun. Le compagnon frappa
alors l'architecte au cou à l'aide d'une règle - cette blessure symbolise la
mort physique d'Hiram. Le deuxième compagnon ayant obtenu la même réponse porta
sur le sein gauche du maître un puissant coup d'équerre - c'est la mort
sentimentale. Chancelant, Hiram se dirigea vers la troisième porte et se trouva
confronté au dernier compagnon qui lui posa la même question. Le coup de
maillet, porté par ce dernier, acheva son agonie - cette troisième mort
correspond à la mort mentale de l'architecte. Alors les meurtriers se
demandèrent réciproquement la parole du maître : aucun d'eux n'avait pu
l'obtenir. Comprenant l'inutilité de leur crime, ils plantèrent à l'endroit où
ils avaient enseveli Hiram un rameau d'acacia, arbre de vie, grâce auquel les
envoyés de Salomon purent le retrouver.
Cette légende marque fortement la
symbolique maçonnique. L'accession au grade de maître, mort symbolique, reprend
les étapes de l'assassinat d'Hiram, celui-ci symbolisant l'homme juste et
vertueux mis à mort à cause de l'ignorance. Ainsi dans le rituel maçonnique, le
récipiendaire est recouvert d'un drap noir et une branche d'acacia est placée
sur le drap. A la question : "Êtes-vous maître?", l'initié doit
prononcer la phrase rituelle : "l'a……………………. "
Flavius Josèphe se référa aux célèbres historiens Dios et Ménandre qui, de leur côté, travaillèrent
directement sur les archives de la ville, les fameuses Chroniques
tyriennes. |
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Le muid vaut 365 litres |
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Les deux colonnes sont les copies des deux piliers situés devant
le temple de Melqart à Tyr : les fameux Jakin et Boaz (les colonnes J:. et
B:. que l'on retrouve à l'entrée de plusieurs temples maçonniques). |
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Cf.,le Magazine L'Histoire, n° 256, Juillet Août 2001, Spécial, Les
Francs-Maçons, p.11. |
Références :
www. Les Phéniciens.com